La Banque fait-elle bon accueil aux pauvres? Alertée par sa base, la
CLCV (Confédération du logement et du cadre de vie), une association de consommateurs, a mené l'enquête. Et découvert qu'en France, des agences bancaires refusent d'ouvrir un compte au seul motif que le demandeur ne gagne pas assez d'argent. Sur 126 agences bancaires, huit ont éconduit ainsi le RMIste, le smicard ou le titulaire d'un contrat emploi-solidarité.
Pour prendre les banques sur le fait, les enquêteurs de la CLCV s'étaient glissés dans la peau d'un petit revenu. Le Crédit agricole (agence de Lille) à un RMIste: «Il faut voir le directeur, mais il n'est pas disponible pour le moment.» La Sogénal (filiale de la Société générale) à Mulhouse: «Nous n'ouvrons pas de compte aux RMIstes.» La Caisse d'épargne à Troyes et à Reims: «Allez donc voir à la poste.»
Justificatifs. Le droit au compte est inscrit pourtant depuis 1984 dans la loi bancaire. Mais la nouvelle, remarque la CLCV, n'a pas encore été diffusée dans toutes les agences. Le rejet d'un client, pointe-t-elle encore, relève davantage d'une initiative de l'employé ou de son chef d'agence que d'une politique du réseau.
Une fois franchi l'obstacle du revenu, le pauvre doit encore satisfaire à d'autres conditions. Dans plus d'une agence sur quatre, il est prié de revenir avec des justificatifs (attestation de domicile, antécédents bancaires, justificatifs de revenus"). Quand il n'est pas prestement invité à consommer quelques produits maison, source de