Et si le cognac se mettait à faire du vin! Ce qui était
inenvisageable hier dans une région où l'eau-de-vie habille de son empreinte jusqu'aux murs des maisons est en passe de devenir réalité. Si tout se passe comme prévu, 10% du territoire de vignobles de grande, petite champagne ou autres fins bois seront reconvertis en cépage de vins de table. Réunis en un groupement de producteurs dont ils ont lundi présenté la finalité, 350 viticulteurs se sont déclarés prêts à tenter l'expérience. Pour des «gens qui, depuis des générations, n'ont jamais cultivé que de la vigne à produire du cognac, voire du pineau, c'est une véritable révolution», explique Gérard Raby, viticulteur et maire de Segonzac. C'est aussi, apparemment, la seule issue possible à la crise «sans précédent» dont souffre le cognac. Des niveaux de stocks alarmants (estimés à sept années de vente). Des exportations en chute (-17% en valeur, l'an dernier). Des restructurations en chaîne, chez les plus gros (Hennessy groupe LVMH a annoncé un plan de réduction portant sur 20% de ses effectifs), comme chez les petits (la maison Hardy, classée au 10e rang, a engagé une procédure de dépôt de bilan).
L'ennemi est le whisky. La crise asiatique, qui offrait un débouché de choix au cognac, est passée par là. Le nouvel engouement des Japonais pour le vin au détriment du vieux cognac offre une autre explication. Mais elle ne suffit pas, admettent les viticulteurs, qui pestent de voir le whisky prendre toujours plus de place d