Une filière industrielle peut-elle disparaître brusquement? Les
producteurs de fromages au lait cru, en tout cas, se sentent menacés. Ces dernières semaines, les retraits en rafale de lots de produits suspectés d'être contaminés par la listeria ont semé la confusion au rayon fromage des magasins. «On a beau mettre des affiches pour expliquer qu'aucun lot incriminé n'a été livré dans notre point de vente, certains clients nous demandent s'ils vont être malades. D'autres sont plus agressifs quand ils voient que l'une des marques mises en cause fait l'objet d'une campagne de promotion», explique ainsi Vivianne Remigereau, responsable de rayon à l'HyperU des Herbiers. Les distributeurs estiment qu'il est encore trop tôt pour chiffrer la baisse globale des ventes ou un éventuel report de consommation vers les pâtes cuites. Mais certaines marques ou familles de produits sont d'ores et déjà durement touchées. «Une semaine après le communiqué interministériel du 10 mars, nos ventes de saint-félicien avaient plongé de 70 à 80 %; aujourd'hui, la baisse se stabilise aux alentours de 50 %», indique Bernard Gaud, secrétaire général de l'Etoile du Vercors. Chez Lactalis (ex-Besnier), qui produit le camembert Lepetit, on se refuse à communiquer les chiffres. «Les ventes se sont effondrées», se contente d'indiquer Luc Morlon, directeur de la communication du groupe.
La riposte du lait cru. S'estimant injustement cloués au pilori, les producteurs ont décidé de partir en campagne pour défendre