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«On pèse quoi, nous, dans ces manoeuvres?» A Toulouse, les agents SG et BNP balancent entre fatalisme et instinct de survie.

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publié le 7 avril 1999 à 0h37

Toulouse de notre correspondant

Onze agences BNP d'un côté, onze Société générale de l'autre et une antenne de Paribas. C'est un guichetier quinquagénaire des boulevards qui résume: «Cela nous fait à Toulouse 23 raisons de se faire du souci.» Au-delà des plaisanteries, les salariés de l'une ou l'autre banque sont souvent pris de mutisme. Marie-Claude, qui s'installe à son guichet de la Société générale, fouille dans son sac et n'en lève surtout pas le nez: «C'est pour un dépôt?» Elle refuse de parler. «Je deviens parano. Faut m'excuser.» «Personne n'a rien à dire, parce qu'on se sent comme des pions dans un jeu de Monopoly, souffle un caissier de l'agence à l'heure du déjeuner, sur la place Esquirol. On sait que tout ça se joue sur les marchés financiers, entre la corbeille et les fonds de pension américains. On pèse quoi, nous, dans ces grandes manoeuvres?» «Gibier et prédateur». Trois rues plus loin, c'est un agent de la BNP qui reprend: «De toute façon, il y aura des fusions dans le système bancaire français. Il y a trop de monde sur la place.» Lui ne paraît pas abattu par le raid éventuel de sa banque sur la Société générale: «Je suis jeune et plein d'avenir.» Il dit ça «pour rire, bien sûr». Mais cet agent ne pleurera ni sur son mauvais sort éventuel, ni sur celui de Marie-Claude: «Les emplois protégés, ça n'existe plus.» «L'état d'esprit des salariés est ambigu, reconnaît Eddy Mézerette, un responsable CFDT de cette même BNP. Entre les deux enseignes s'est établi un r