Depuis l'annonce du raid boursier de la BNP sur les deux fiancés de
la banque la Société générale et Paribas de nombreux commentateurs se sont, en France, extasiés ou indignés: cette affaire serait le signe que la France a basculé dans l'ère de la mondialisation débridée; le modèle économique hexagonal serait mort; le capitalisme à l'américaine serait à l'oeuvre" On pourrait, sans trop forcer le paradoxe, défendre la thèse inverse: les Français, indécrottables, se livrent, avec la complicité de l'Etat, à un de ces grands Meccano dont ils ont le secret. Que le raid de la BNP soit sauvage, personne n'en doute. Michel Pébereau, patron de la BNP, tente de contrôler deux banques contre l'avis de leurs directions, ce, qui n'est pas très grave, mais surtout contre la volonté des salariés. Franchouillard. Pour autant, la double OPE de la BNP ne s'inspire pas franchement du modèle anglo-saxon. Aucune OPA hostile de cette ampleur n'a jamais été tentée dans le secteur bancaire, que ce soit outre Manche, outre-Atlantique (1), ou ailleurs. Le seul véritable précédent est français: ce fut l'attaque boursière lancée, il y a plus de dix ans, par Marceau Investissement, le holding de Georges Pébereau (frère de l'actuel patron de la BNP) sur" la Société générale. Ce raid là n'avait rien à voir avec le jeu du marché: il était sponsorisé par l'Etat, financé par la Caisse des dépôts et consignations. Le but était de retirer la banque des mains des actionnaires choisis par Balladur au moment