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Libération

La pointeuse traine Thomson RMC en justice.Son PDG est poursuivi pour 8 000 infractions au temps de travail.

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publié le 13 avril 1999 à 0h41

Les grands patrons doivent être dans leurs petits souliers. Hier,

l'un des leurs comparaissait devant la cinquième chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Versailles. Une première du genre en matière sociale. Bernard Rocquemont, PDG de Thomson RCM (Radars et Contre-Mesures), risque ­ théoriquement ­ une peine de prison pour non-respect de la durée légale du travail. Mais le procureur n'a, en fait, requis qu'une d'amende. On reproche au PDG d'avoir dissimulé quelque 60 000 heures de travail. Le jugement, très attendu, aura valeur d'exemple. Hier, des salariés de plusieurs entreprises étaient d'ailleurs venus manifester devant le tribunal.

Surnommé «le patron aux 8 000 contraventions», Bernard Rocquemont, visage fermé, tente pendant près de trois heures de se dépêtrer de l'accusation de «travail dissimulé» portée contre lui. A la barre, il triture ses fiches et décline son identité d'une voix faible. La présidente lui demande de s'expliquer sur les lacunes de l'enregistrement de la durée du travail dans son entreprise. Certaines heures n'apparaissent ni sur les fiches de paie, ni sur le livre de paie. Au-delà d'un quota toléré de sept heures supplémentaires, toutes les heures effectuées s'évaporent.

L'affaire a commencé en 1995. Sur le site d'Elancourt (Yvelines). Un conflit éclate sur le non-paiement des heures supplémentaires. A la demande des organisations syndicales, une inspectrice du travail, Catherine Bougie, entre dans l'entreprise pour procéder à des co