Les grandes batailles industrielles cachent parfois une hostilité
personnelle d'une violence insoupçonnée. Bernard Arnault et François Pinault, qui ont réussi à s'éviter pendant vingt ans, se retrouvent désormais systématiquement sur tous les terrains: Gucci, Bouygues et maintenant la vente aux enchères. On apprenait hier que le patron de LVMH a investi 24 millions de francs pour prendre 20% du capital de la société britannique iCollector, réseau de ventes aux enchères sur l'Internet. Un investissement encore modeste comparé à l'offensive de Pinault dans cette activité: le PDG d'Artémis s'est offert l'an dernier rien moins que la prestigieuse maison Christie's pour quelque 7 milliards de francs.
Certes, on n'en est pas encore à vendre du Picasso on line. Malgré tout, les grandes maisons telles que Sotheby's et Christie's se préparent à ouvrir des sites pour ratisser les petites ventes en tous genres. C'est d'ailleurs la spécialité de iCollector, site ouvert en 1994 et qui propose ce mois-ci, en vrac, de la photographie, des meubles des années 70 et des pièces de voitures de collection. Comme dans Bouygues (dont il détient 6,4% du capital), Bernard Arnault investit ici à titre personnel au travers de son holding, Groupe Arnault. Contrairement à François Pinault, collectionneur d'art, le patron de LVMH n'était pas jusqu'alors un arpenteur connu des salles de ventes. Mais depuis que l'homme d'affaires breton est venu le chercher sur le terrain du luxe, en s'attaquant à Gucci et