Malgré l'énergie désespérée de ses précieux entrepreneurs, la France
accumule les retards et se fait écrabouiller par la plupart de ses concurrents; cela durera tant que l'Etat-providence étouffera l'économie de ses charges, règlements et impôts. C'est le message qu'a tenté de faire passer hier le Medef, qui, malgré ses bonnes résolutions, a du mal à rompre avec la culture geignarde de son prédécesseur le CNPF.
Le Medef présentait, comme chaque année, son analyse de l'économie française, un rendez-vous baptisé «Cartes sur table» et animé par Denis Kessler, vice-président de l'organisation et acrobate intellectuel. L'opération se veut une épreuve de vérité: «Les faits et les chiffres sont là, non partisans, bruts de décoffrage, indéniables» (1). Difficile d'en dire autant des commentaires.
Ainsi, cette année, le Medef a comparé les performances de la France par rapport aux autres pays depuis le début de la décennie. Le tableau dressé est accablant: les années 90 ont été, pour la France, marquées par une panne de l'investissement privé (+12% entre 1990 et 1998 contre +63% aux Etats-Unis), une croissance bridée (+1,3% par an, contre le double aux Etats-Unis), une baisse des parts de marché (-1,2% sur sept ans, contre +1,1% pour les Etats-Unis), etc. Cette décennie gâchée a été mainte fois commentée par les économistes. Aujourd'hui, ils jugent pour la plupart que la cause première de ces déboires tient à un mauvais pilotage monétaire. Pour garder, contre vents et marchés, leur mo