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Libération

Les immigrés, pare-chocs de la crise. Immigration = chômage. Un rapport démontre le contraire.

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publié le 17 avril 1999 à 0h47

A quoi ont servi, d'un point de vue économique, les immigrés? Sur

cette question, on s'arrête trop souvent à quelques généralités du type: la France a accueilli des étrangers quand elle manquait de bras dans les années 60, puis l'immigration est devenue indésirable avec la montée du chômage. Dans un rapport très détaillé (1), Cerc-Association (Connaissance de l'emploi, des revenus et des coûts) est allé plus loin en analysant le sort des étrangers depuis la crise des années 70.

Amortisseurs. Selon ses auteurs, les immigrés ont servi d'«amortisseurs de crise» pour les travailleurs français. Le rapport fait d'abord litière de l'idée reçue ­ mais tenace ­ selon laquelle «chaque fois qu'un étranger occupe un emploi, c'est un Français qui en est privé» (2). Les économistes de nombreux pays en ont depuis longtemps démontré la fausseté. L'Espagne n'est-il pas le pays européen dont le chômage est le plus élevé et l'immigration la moins importante? La Suisse n'est-elle pas dans la situation inverse?

Certes, l'immigré prend un emploi, mais cet «agent économique» fait bien d'autres choses: comme tout le monde, il touche un salaire, consomme (ce qui est bon pour la croissance), paye des impôts, a des enfants, etc. Une vague d'immigration augmente la population active, mais il n'y a, a priori, aucune raison que cela augmente la proportion de chômeurs: «Si les nouveaux arrivants [sur le marché du travail] ont exactement les mêmes comportements que les anciens en matière d'activité, d'épargne