Pour la première fois, dans la partie de poker à trois que disputent
Bernard Arnault (LVMH), François Pinault (PPR) et Domenico De Sole (Gucci) pour le contrôle de la prestigieuse marque italienne de valises en croco, un des joueurs a dit: «Je veux voir.» Il s'agit, en l'occurrence, de la direction de Gucci qui, dans un communiqué, a fixé elle-même hier le prix de son entreprise: «Le directoire de Gucci signale à LVMH que le conseil de surveillance de Gucci est prêt à recommander une offre inconditionnelle sur toutes les actions [de la société] à un prix minimum de 88 dollars par action.» Voilà qui a le mérite de la clarté. Sachant que LVMH a déjà 20% du capital, il lui resterait, s'il s'exécutait, à débourser environ 7,2 milliards de dollars (soit 42 milliards de francs).
Démasquer LVMH. Deux motifs expliquent l'initiative de Gucci. D'abord, l'italien commence à sentir, dans son activité, le contrecoup des hypothèques qui pèsent sur son avenir; il faut rapidement clarifier la situation. Ensuite, il tente de démonter ce qui, à son sens, est un véritable coup de bluff. Gucci a toujours estimé que Bernard Arnault ne comptait à aucun prix lancer d'OPA sur 100% du capital et ne cherchait qu'à acquérir une position de contrôle au moindre coût. En lui tendant une perche empoisonnée, l'italien compte démasquer LVMH. Si possible avant jeudi, date à laquelle les deux parties se retrouveront à nouveau devant la cour d'Amsterdam pour trancher quelques points de droit boursier.
Pour LVMH,