On savait les grandes fusions à la mode à l'étranger. Depuis six
mois, elles le sont devenues en France. Cette nouveauté bouleverse le monde de l'industrie et de la finance. Mais aussi celui du syndicalisme, qui n'a jamais été à l'aise sur ce terrain. Le thème, pourtant prévisible avec l'avènement de l'euro, a été absent ou presque des débats des récents congrès des grandes centrales CFDT et CGT. Mais comment prendre position au-delà de la question de l'emploi? Pour en débattre, nous avons réuni, à Libération, trois syndicalistes concernés par des opérations de fusion: Alain Dorbais, délégué syndical central de Hoechst-Marion-Roussel (CFDT), Daniel Richter, secrétaire du comité de groupe européen de Renault (CFDT), et Jean-Dominique Simonpoli, secrétaire général de la Fédération de la banque (CGT).
Devant le fait accompli Sur la base de votre expérience, les représentants des salariés sont-ils correctement informés lors des grandes opérations de fusion?
Daniel Richter. Autant pour Renault-Volvo, le processus de fusion avait contenu des étapes d'explication qui nous avaient permis des échanges avec les syndicalistes suédois, autant l'affaire Renault-Nissan a relevé de l'hyperconfidentialité. Ce sont des indiscrétions dans la presse qui nous ont «branchés». Nous avons été mis devant le fait accompli, à la dernière minute. Pourtant, après l'affaire Renault-Vilvorde, nous étions parvenus à un accord avec la direction: le CGE (comité de groupe européen) devait être informé en sessio