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Libération

Pays-Bas: le pays ou l'OPA n'existe pas.La justice y étudie aujourd'hui la légalité de la défense Gucci.

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publié le 22 avril 1999 à 0h24

Amsterdam, de notre correspondante

«Vous souvenez-vous d'une OPA hostile réussie aux Pays-Bas?» La question posée à des juristes et des entrepreneurs du pays les laissent pantois: «Oui, celle de l'invasion allemande en mai 1940!», plaisante l'un d'eux. Aucun actionnaire, aussi gros soit-il, n'est arrivé à prendre un groupe contre sa volonté. Dans ce contexte, l'audience de la Cour d'Amsterdam, qui doit décider aujourd'hui d'ouvrir ou non une enquête sur les méthodes employées par le maroquinier Gucci pour se protéger d'une OPA de LVMH, a un caractère d'exception. Bernard Arnault et son groupe LVMH ne seront pas les seuls pendus aux lèvres du juge: tout le monde juridique et financier néerlandais attend aussi l'issue du jugement. Car, si la Cour décidait que les mesures de protection du groupe italien sont illégales, elle créerait un précédent qui pourrait faire évoluer les règles du jeu au pays de la protection maximum.

Batterie de verrous. Les entreprises néerlandaises disposent en effet de toute une batterie de verrous. A côté des actions préférentielles émises au moindre danger d'OPA pour diluer la part déjà acquise du prédateur, des actions prioritaires peuvent être créées au bénéfice d'une fondation, si possible contrôlée par la direction, et qui a le droit exclusif de nommer les dirigeants et de changer les statuts. Mais le «truc» le plus fréquemment utilisé est l'émission de certificats d'actions, exempts de droits de vote, et qui restent l'exclusivité du conseil d'adm