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Libération

La privatisation n'est plus un préalable. Les Allemands avaient utilisé l'argument pour empêcher le rapprochement Aérospatiale-Dasa. En fusionnant avec Telecom Italia, ils le rendent obsolète.

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publié le 23 avril 1999 à 0h48

Bonn, de notre correspondante.

Il sera difficile de prétendre désormais que le poids de l'Etat dans une entreprise l'empêche de sceller des alliances ou de fusionner avec des partenaires étrangers. Les 72% que l'Etat allemand détient dans Deutsche Telekom n'ont pas interdit sa fusion avec Telecom Italia. Dans un passé récent, l'argument a pourtant été brandi, deux fois au moins, contre des entreprises françaises: par les Suédois en 1993, pour bloquer le projet de fusion entre Renault et Volvo; puis par les Allemands pour stopper le rapprochement entre l'Aérospatiale et Dasa. Les deux fois, le poids de l'Etat français (à l'époque actionnaire à 100% des deux entreprises mais promettant leurs privatisations prochaines) fut avancé pour tuer les projets d'union: «C'était l'antienne des Allemands, se souvient un Français qui a suivi la négociation entre Dasa et l'Aérospatiale. Même après l'annonce de l'ouverture du capital de l'Aérospatiale, on nous a dit: "C'est bien, mais ce n'est pas suffisant, il faut un retrait total de l'Etat. A l'époque, nous avions aussi garanti que l'Etat ne s'immiscerait pas dans la gestion de l'entreprise, mais on ne nous avait pas crus.»

La privatisation n'est pas pour demain. Dans le cas Deutsche Telekom, l'Etat allemand a assuré à son partenaire italien qu'il ne se mêlerait pas de la «gestion opérative» du nouveau groupe, sans renoncer pour autant à ses droits de vote, comme le demandait Telecom Italia. La suite de la privatisation de Deutsche Telekom