Apprenant que la Société générale comptait lancer une journée
«banque morte» contre son projet de création d'une banque à trois, Michel Pébereau, président de la BNP, avait lancé cette supplique aux salariés récalcitrants: «Debout les morts!» Pour être debout, les morts étaient debout hier, mais certainement pas dans le sens souhaité par Michel Pébereau. A l'appel de l'intersyndicale (CFDT-CFTC-CGT-FO-SNB/CGC), 98% des guichets de la Société générale avaient tiré leur rideau. La direction a pointé plus de 60% de grévistes dans le réseau des agences, et entre 40 et 50% au siège. La CGT a dénombré 90% de grévistes. «Dans tous les cas de figure, c'est du jamais vu à la Générale», affirment direction et syndicats, dans un choeur assez inédit. Ceausescu lui-même n'aurait pu rêver meilleure élection. Daniel Bouton, président de la Société générale, qui se bat bec et ongles contre le projet de Pébereau depuis un mois et demi, peut se targuer du soutien total de ses troupes. Toute voix dissidente est d'ailleurs perçue par la direction comme une immonde traîtrise. Photo de famille. Grâce à l'association Action contre le raid, menée par le charismatique Yves Tuloup, un grand bonhomme en loden bleu et barbe blanche, quelque 1 500 cadres ont manifesté silencieusement hier sur le parvis de La Défense. On a fait une belle photo de famille sur les marches de la Grande Arche, on s'est posté sous les bureaux de la BNP, on n'a pas crié ni tambouriné, on a juste entendu fuser «Pébereau, rigol