Medea Benjamin est directrice adjointe de Global Exchange à San
Francisco, l'une des associations les plus actives dans la campagne contre Nike et l'une des organisations à avoir porté plainte contre les entreprises de confection américaines à Saipan. Sa dernière campagne vise Gap. Pourquoi vous en prendre à Nike ou à Gap, alors que les pratiques de ces entreprises et de leurs fournisseurs sont loin d'être uniques?
Nous visons délibérément de grandes et riches entreprises qui ont assez de ressources pour faire des progrès. Si nous n'avons pas, par exemple, choisi Reebok au lieu de Nike, c'est parce que c'était une entreprise moins puissante et en mauvaise santé financière; nos arguments sont plus difficiles à faire valoir face à des entreprises en difficulté. En revanche, il est plus facile de demander à une entreprise qui fait 824 millions de dollars de profits le résultat de Gap l'an dernier de mieux payer les salariés qui travaillent pour elle! Nous choisissons des entreprises en position de leader, afin d'entraîner toute une industrie dans leur sillage. Quand elles auront évolué, les autres changeront. C'est d'ailleurs le cas: après Nike, Reebok a commencé à modifier ses usines. Nike a nommé un vice-président en charge de la responsabilité sociale (Corporate Responsability) et Reebok un vice-président en charge des droits de l'homme! Ils occupent des positions clés au sommet de ces entreprises et ont donc les moyens d'agir.
Quelle est votre stratégie pour les y contra