Après Nike en Indonésie ou Disney en Haïti, dont les pratiques
sociales avaient mobilisé syndicats et consommateurs américains, le procès intenté aux usines de Saipan, territoire américain du Pacifique, représente le premier procès de la délocalisation et des pratiques des entreprises mondiales de la confection. Des plaintes collectives, déposées en janvier devant les tribunaux américains, visent des entreprises telle Gap. Le cabinet d'avocats qui réclame un milliard de dollars aux entreprises a déjà à son actif des résultats spectaculaires face aux cigarettiers ou aux banques suisses (contraintes à verser 1,2 milliard de dollars aux victimes de la Shoah). Sont visées 22 usines de Saipan, en majorité à capitaux chinois et coréens. La première plainte déposée au nom d'environ 50 000 immigrés des Chinoises pour la plupart employés depuis dix ans exige la réparation des mauvais traitements, le remboursement de salaires impayés et la compensation d'abus en tout genre. La seconde oppose des associations de consommateurs et de défense des droits de l'homme et le principal syndicat de la confection aux industriels: ils demandent réparation pour les acheteurs trompés par l'étiquette made in USA sur les vêtements fabriqués à Saipan. Grâce à la législation antiracket (utilisée contre la mafia), la plainte entend les faire condamner pour «conspiration illégale».
Peut-être est-ce la fin, pour Saipan, du régime d'«exception sociale» dont l'administration Clinton souhaite la disparitio