Menu
Libération

La dette brésilienne jugée coupable. Des associations de gauche ont organisé un procès de trois jours.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 avril 1999 à 0h31

Rio de Janeiro, de notre correspondant

«Au nom de tous les travailleurs sans emploi, je condamne cette foutue dette.» Sous un tonnerre d'applaudissements, la salle du théâtre Joao Caetano à Rio, archicomble, se lève et fait un triomphe à l'orateur. Sur la scène, Manuel Rodriguez reste planté derrière son micro. Il semble avoir du mal à réaliser: son discours improvisé a enflammé la salle. Ce jeune chausseur sans emploi est venu de Forteleza, à quarante heures de bus au nord-est de Rio, pour être juré au tribunal de la dette externe qui s'est tenu du 26 au 28 avril à l'initiative de diverses organisations brésiliennes de gauche ou catholiques (Conférence nationale des évêques, Caritas, le mouvement des paysans sans terre"). Avant lui, un autre juré, Wilson Pataxo, chef de la tribu indienne qui accueillit naïvement les colonisateurs portugais en 1500 et attend toujours la démarcation de ses terres, s'est prononcé, «au nom des peuples indigènes» pour la «suppression de la dette externe et la restitution des richesses qui ont été volées aux pays pauvres».

«Cette dette me ramène à l'indignation de Jésus face aux pharisiens hypocrites. Les créanciers de la dette sont les pharisiens d'aujourd'hui qui méritent la condamnation de Jésus», selon Mgr Thomas Balduino, président de la Commission pastorale de la terre, juré lui aussi. A ses côtés, un syndicaliste, une femme, un retraité et Maria de Fatima Ribeiro, leader du mouvement des Sans-Terre qui, avec un punch de «guérillera», s'en pr