Bonn de notre correspondante
L'Europe de l'énergie, ouverte à la concurrence depuis février, connaîtra aujourd'hui sa première «journée sociale». Jamais auparavant les différents syndicats, qui manifesteront ce matin à Bruxelles, n'avaient exprimé en commun leurs revendications. «Avant, on regardait chez le voisin avec horreur, les traditions étaient différentes, sans compter la césure entre pro et antinucléaires. Maintenant on va se coordonner», explique Michel Cruciani, secrétaire national de la fédération CFDT Chimie-Energie. En Allemagne, la libéralisation du marché de l'électricité s'est faite de façon beaucoup plus brutale qu'en France. Tandis qu'EDF n'est amenée à abandonner son monopole que progressivement, en Allemagne, les milliers de fournisseurs (groupes régionaux et entreprises communales) qui se répartissaient auparavant le marché se retrouvent en libre concurrence. Herbert Mai, président de l'ÖTV, le puissant syndicat allemand des services publics (1,6 million d'adhérents), et président de la Fédération syndicale européenne des services publics, tire un bilan alarmiste.
Regrettez-vous la libéralisation du marché européen de l'électricité?
La libéralisation a été menée de façon beaucoup trop brusque par la Commission européenne. Il aurait fallu imposer des règles qualitatives et sociales, car elle détruit des emplois. Rien qu'en Allemagne, la libéralisation a entraîné 40 000 suppressions d'emplois en deux ans. 40 000 autres pourraient suivre. Dans toute l'Europe,