L'or est-il condamné au déclin? Un vent de tempête souffle depuis
vendredi sur «cette relique barbare» (comme l'appelait Keynes), depuis que la Banque d'Angleterre a fait savoir qu'elle allait vendre 415 tonnes d'or sur les 715 qu'elle possède. Aussitôt, le cours du métal jaune a piqué du nez. En quelques heures, l'once d'or (31,5 grammes) passait de 288 dollars à 282,4.Le mouvement s'est ralenti hier, sans pourtant s'interrompre.
La décision de la Banque d'Angleterre est révélatrice d'un profond bouleversement du marché mondial de l'or. Il y encore une dizaine d'années, la plupart des banquiers centraux avaient des angoisses à la seule idée de devoir se défausser d'une partie de leur stock. On ne touchait pas au métal précieux, sauf exceptionnellement. L'or était censé être l'ultime recours contre l'inflation et les dévaluations. Les choses ont changé: aujourd'hui, les banques centrales ont de bonnes raisons de vouloir se débarrasser de leur or, lorsque l'inflation n'existe plus et qu'elles peuvent vivre des revenus financiers tirés du dollar ou d'autres monnaies. «C'est sans doute ce raisonnement qui explique la décision de la Banque d'Angleterre, commente un économiste. Et puis, l'or ne rapporte rien" ce qui a compté dans la décision anglaise.» Le Trésor britannique devrait au contraire réaliser une confortable plus-value, puisque Londres valorisait son or à environ 75% du cours du métal fin. Les Anglais anticipent. Quoi qu'il en soit, les Anglais ont sans doute anticipé u