C'est un peu de la banalité du paysage automobilistique français qui
s'en va. La dernière Peugeot 605 est sortie hier des chaînes de Sochaux. Au bout de la ligne de montage numéro 4, une berline V6 couleur bleu de Rhodes est venue clore dix ans de carrière d'un modèle qui devait offrir à la marque les clés du royaume du haut de gamme. En vain.
Pourtant, lorsque Jacques Calvet, PDG du groupe à l'époque, présente son nouveau fleuron en octobre 1989, c'est en défricheur de terres vierges. Son objectif: attaquer Mercedes, BMW et Audi sur leur terrain de jeu préféré, la berline haut de gamme, avec ses belles marges et son image prestigieuse. Son auto a tout ce qu'il faut. Sa ligne est assez triste pour séduire les notaires, et elle dispose du meilleur confort pour soigner leurs lombaires malmenées par les ans. Manque de chance, la mise en production de la 605 à Sochaux coïncide avec une grève qui touche l'ensemble du groupe, dont 6 000 salariés de cette usine. Quelques semaines plus tard, le travail a repris, et les premiers modèles sont livrés. Catastrophe. Plusieurs autos s'arrêtent d'elles-mêmes. D'autres roulent, sans phares ni essuie-glaces. Pour un haut de gamme, ça fait désordre. Les concessionnaires sont harcelés, et, en 1990, six mois après le lancement, Calvet décide de rappeler les 80 000 exemplaires vendus, histoire d'en vérifier la connectique. C'est que la 605 est l'une des premières Peugeot à multiplier les équipements électroniques, mais ils sont totalement défici