Washington, de notre correspondant
Au rayon boucherie du village global, on dégaine les couteaux. Après la banane à l'acte I, le boeuf aux hormones sera le héros de l'acte II de la guéguerre commerciale qui oppose, de part et d'autre de l'Atlantique, les deux poids lourds de l'économie mondiale, les Etats-Unis et l'Union européenne. 1999 sera «l'année des trois B», a promis Charlene Barshefsky, la représentante américaine au Commerce (USTR): bananes, boeuf et biotechnologies.
Les Européens franchissent aujourd'hui le Rubicon, en défiant la date butoir du 13 mai que leur a imposée l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour lever l'interdiction qui frappe la viande de boeuf américaine depuis 1989. Celle-ci est soupçonnée d'être immangeable parce que le bétail en a été engraissé à coups d'hormones de croissance, dont l'innocuité pour l'homme à long terme «n'a pas été prouvée», selon les experts européens (Libération du 4 mai). Vu de Washington, ces arguments, déjà rejetés par la commission phytosanitaire de l'OMC, sont «bidon». «Le consensus scientifique a mis fin au débat sur la santé publique et la sécurité des aliments», assène Charlene Barshefsky.
La vraie guerre est à venir. «Le seul vrai problème est le refus de l'Union européenne de respecter les décisions de l'OMC.» Ce refus, dit-elle, «menace l'ensemble du commerce mondial. Si l'Europe ne respecte pas les règles du jeu, que feront les autres?» La première escarmouche euro-américaine autour des bananes américaines, d