Les hypers aiment les joutes et détestent les chasses gardées. Après
le parfum, le lait maternisé, l'essence, l'or ou les lunettes, haro sur l'auto. Aucun domaine réservé n'a résisté à l'appétit des grands distributeurs. L'offensive sur l'automobile ne date pas d'hier. En 1985, au lendemain de la libération des prix, Leclerc et Carrefour, suivis de quelques autres, décident de faire de l'essence, vendue sur leurs parkings, un produit d'appel. Tollé des Elf, Shell, Esso et compagnie. Nouvelle passe d'armes en 1989, lorsque l'euro-super fait son apparition. Ce carburant sans plomb, que les pétroliers sont les seuls à fabriquer, est réservé à leurs pompistes. A l'automne, Carrefour monte au front et annonce à coups de trompe l'euro-super à la pompe. Ses prix sont plébiscités par les consommateurs (20 à 25 centimes de moins le litre de carburant). Signe de la tension qui règne: Carrefour refuse de révéler où il se fournit. Cinq ans plus tard, c'est l'épisode Utac. Les pétroliers, alliés aux constructeurs autos français concoctent ce label qualité «maison», réservé de fait à la production des majors et interdit in fine aux grandes surfaces. Leclerc met les rieurs dans son camp en sortant de son sac à malices, son label maison, le MCEP («moins cher et pareil»). Les pétroliers remballent leur campagne. Parallèlement, Carrefour, Leclerc et les autres investissent le champ de la réparation automobile. Aujourd'hui Leclerc annonce sous l'enseigne «l'Auto Leclerc», soixante-dix centres