Bruxelles, envoyé spécial.
«C'est un véritable cataclysme.» Voilà plus d'une semaine que Chris Moris, le directeur général de la Févia (Fédération de l'industrie alimentaire), enchaîne réunion sur réunion avec les patrons de l'industrie alimentaire belge et se répète. Le temps presse, car l'affaire du poulet à la dioxine, baptisée «Chickengate» par les quotidiens du pays, risque d'être fatale à de nombreuses entreprises du secteur. Alors que le gouvernement vient d'autoriser les élevages jugés sains à reprendre l'abattage des poulets et à commercialiser les produits dérivés, l'agroalimentaire ou la distribution tentent d'évaluer l'ampleur du désastre économique.
Selon Chris Moris, les premières victimes de la plus grande catastrophe alimentaire belge sont les abattoirs, qui ont dû arrêter leurs activités du jour au lendemain. En quelques jours, leur chiffre d'affaires à l'exportation est passé de plusieurs milliards de francs belges à une valeur proche de zéro! Même les abattoirs au-dessus de tout soupçon paient l'addition. En témoigne ce chef d'entreprise qui vient d'apprendre que ses clients étrangers refusaient de prendre livraison de ses produits. «Une trentaine de camions reviennent chargés vers la Belgique. Ce n'est plus un cordon sanitaire qui nous entoure mais un mur en béton" Tout le monde se méfie, alors que nos certificats vétérinaires sont en règle, que le gouvernement est sur le point d'autoriser l'abattage des porcs belges. Plusieurs centaines de tonnes de march