On avait craint, dès la promulgation de la loi créant les
emplois-jeunes en octobre 1997, l'invention d'un statut du troisième type, quelque part entre le travailleur précaire et le fonctionnaire. La première étude qualitative sur le sujet, menée à la demande du ministère de l'Emploi (1), montre que pour la majorité des 130 000 jeunes embauchés à ce titre depuis dix-huit mois, la condition d'«emploi-jeune» est vécue comme une période probatoire, un sas préparant l'accès à l'administration ou aux collectivités publiques.
C'est particulièrement net dans la police, où 97% des jeunes interrogés expliquent qu'ils souhaitent y rester à l'issue de leur contrat. C'est aussi la démarche de plus de 80% de ceux qui sont employés par des établissements publics (essentiellement la Poste) ou des collectivités territoriales.
Dans l'Education nationale, la réponse des jeunes interrogés par la Sofres est un peu différente dans la forme, mais pas sur la démarche. Si seulement 16% des jeunes concernés disent espérer une embauche définitive, ils expliquent à 90% qu'ils souhaitent préparer un concours administratif, et 86% de ceux qui ont bac+2 espèrent bien, par la suite, intégrer l'Education nationale. Ils s'estiment déjà assez qualifiés pour le travail qu'il fournissent (surveillance des élèves, activités d'animation et de documentation), et même pas suffisamment payés pour leur niveau d'études. Mais globalement, les emplois-jeunes ne se plaignent pas. Ils disent majoritairement être venus «par