Madrid de notre correspondant
Le ton monte entre l'Espagne et le Portugal. La discorde entre les deux gouvernements va être arbitrée par Bruxelles. Le commissaire chargé du Marché intérieur, Mario Monti, a annoncé l'examen du litige et évoqué l'hypothèse de sanctions communautaires.
Cette crise inédite remonte au veto apposé vendredi par le gouvernement portugais d'Antonio Guterres à un accord financier entre la première banque espagnole, le BSCH - le Banco Santander Central Hispano - et le groupe Champallimaud, troisième entreprise privée du Portugal. L'alliance, conclue le 7 juin, prévoit que la «superbanque» espagnole cède 1,6% de son capital, en échange du contrôle de 40% du groupe portugais. Lisbonne fait valoir la nullité administrative puisque l'organisme régulateur national (l'IPS) n'a pas été contacté. La réelle inquiétude des autorités portugaises est ailleurs: en prenant le contrôle de Mundial Confiança, le holding du groupe Champallimaud, le BSCH s'arroge de fait celui de trois banques lusitaniennes de poids, dont Pinto & Sotto Mayor et Totta & Açores. Aux yeux de Lisbonne, qui dit agir au nom de la «défense de l'intérêt national», l'expansion du «superbanco» espagnol met en péril «l'indépendance financière du pays». Le veto gouvernemental provoque les foudres des deux signataires, ainsi que de la quasi-totalité des milieux financiers portugais. Ces derniers y voient une «ingérence politique inacceptable». Pour Francisco Sarsfield Cabral, un économiste portugai