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Libération

La révolte des humiliés de Daewoo. Après 10 jours de grève, la direction menace de fermer l'usine.

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publié le 25 juin 1999 à 23h07

Longwy, envoyé spécial.

«Ils te posent sur une chaise, tu attends. Moi, ça fait six mois que j'attends.» Son histoire, Hamid, 32 ans et quatre ans d'ancienneté chez Daewoo Orion, ne se lasse pas de la raconter. En janvier, de retour à l'usine de Mont-Saint-Martin, dans la banlieue de Longwy, après un arrêt de trois mois pour accident du travail, il s'entend dire: «Il n'y a plus de place pour toi dans l'équipe.» Il fait alors connaissance avec la «no division», comme l'appelle la direction. L'équipe des riens, en quelque sorte. Peuplée en permanence de cinq à dix personnes, elle n'a pas de locaux, ni de travail spécifique. On peut «rester assis sur une chaise à ne rien faire pendant des heures, au milieu de la salle des ingénieurs. Personne ne vous parle, ne s'intéresse à vous.» Ou bien «on peut aller balayer la cour, tondre les pelouses, laver les carreaux, nettoyer les WC.» Point commun des membres de la «no division»: «revenir d'arrêt maladie, de congé maternité, ou, du fait d'une grossesse, avoir besoin d'un poste adapté», c'est-à-dire moins pénible.

Daewoo Orion, c'est de l'industrie dure. L'entreprise fabrique, en trois équipes qui font les trois huit, des tubes cathodiques pour téléviseurs. Le verre passe dans des fours, la chaleur est importante, des accidents arrivent, parfois tragiques: l'an dernier, un cadre coréen a été décapité par une machine-outil.

«Tu te sens de trop.» «No division, c'est Alcatraz, reprend Rezki Amezgroud, délégué FO. On te fait faire n'importe