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Libération

Le déclin d'un seigneur de la fFinance.Antoine Bernheim, un grand du monde financier français, a été débarqué des assurances italiennes Generali, et marginalisé au sein de sa maison d'origine, la banque Lazard. Il risque aujourd'hui de perdre sa vice-présidence de la banque italienne Mediobanca. Récit de ses mésaventures.

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publié le 28 juin 1999 à 23h05

Antoine Bernheim est d'ordinaire du genre décontracté; on le

surprend étendu de tout son long en travers des fauteuils de cuir beige de la salle du conseil de la banque Lazard. Sous le regard des dix-huit portraits des Meyer, David-Weill, Lazard et autres grands associés-gérants qui ont fait prospérer la maison du boulevard Haussmann, on l'entend se gausser, volontiers désinvolte, du petit monde de la finance. Son monde. Mais cette fois, «Tonio», comme on le nomme affectueusement chez Lazard, tassé au fond de son siège, a un peu perdu de sa superbe. S'il n'est pas reconduit aujourd'hui à la vice-présidence de la très influente banque d'affaires italienne Mediobanca, il aura essuyé son deuxième grand camouflet en trois mois. Qu'on en juge: président du groupe d'assurances italien Generali, Antoine Bernheim, 74 ans, a été déposé le 30 avril. Déposé" Lui, l'associé vedette de Lazard depuis trente ans; lui, l'empereur de la finance française, congédié comme un laquais? Et par son ami de trente-cinq ans, Enrico Cuccia. A 92 ans, ce dernier, président honoraire de la banque d'affaires italienne Mediobanca, voûté sous le poids des ans, a l'allure frêle du roseau. Depuis plus d'un demi-siècle, cet ascète fait la pluie et le beau temps sur la finance italienne. D'un seul coup de griffe, le nonagénaire a donc expédié le septuagénaire en enfer. «N'oubliez pas, remarque un ami de Bernheim, que l'Italie, c'est le pays des Borgia.»

Larrons en foire. Antoine Bernheim remâche sa rancune. Il