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Libération
Interview

Jean-Paul Fitoussi, professeur et président de l'OFCE (1). «Il n'a pas fait d'erreur, ce qui assez rare»

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publié le 1er juillet 1999 à 23h53

«La baisse du chômage a deux grandes causes. La première, c'est le

passage, attendu depuis dix ans, d'une politique de taux d'intérêt très pénalisante pour la demande, à une politique "normale. La seconde cause est le passage d'une politique budgétaire très restrictive, qui avait été exigée pour entrer dans la monnaie unique, à une politique budgétaire neutre. Pour la première fois depuis longtemps, la demande privée n'est plus étouffée et, dès lors, elle renaît spontanément.

»Ces deux éléments, essentiels, expliquent largement la reprise de la croissance française. Ils ne sont ni l'un ni l'autre particulièrement imputables à la politique de l'actuel gouvernement. La question que l'on peut se poser, c'est pourquoi la France semble en profiter plus que ses voisins. Il y a deux explications possibles: d'abord, c'est elle qui avait le plus souffert, dans les années 1990, de la brutalité de la politique monétaire. L'Italie avait profité du ballon d'oxygène de la sortie du mécanisme de change du SME (système monétaire européen), de même que l'Espagne, dont la peseta a été dévaluée à plusieurs reprises. L'Allemagne, dont le mark était l'ancre du SME, avait des taux d'intérêt moins élevés. »La seconde raison est que le gouvernement Jospin a effectivement plutôt bien conduit la politique économique. Il a soutenu la demande, notamment avec le transfert de quatre points de cotisation maladie vers la CSG, qui a entraîné une hausse des salaires réels de 1%. Il a aussi directement accélé