La Commission européenne n'avait vraiment pas besoin de ça. Encore
sous le choc de sa démission collective du 15 mars, elle vient de recevoir un nouveau coup de l'un de ses propres membres.
«Corruption». En poste depuis plus de dix ans à Bruxelles, Martin Bangemann, le très libéral commissaire allemand chargé des affaires industrielles et des télécommunications, a annoncé hier qu'il rejoignait Telefonica, l'une des plus grosses entreprises du secteur (voir ci-contre), comme conseiller à la présidence. De la part d'un responsable qui a dû gérer ces dernières années la libéralisation des télécommunications, et qui a sans doute pris part à plusieurs décisions impliquant Telefonica, cette décision a de quoi choquer.
Et elle a aussitôt suscité des réactions de colère à Bruxelles. Pauline Green, la présidente du groupe socialiste de l'Europarlement, a qualifié d'«impardonnable» un pantouflage qui «sent la corruption». Et, si l'on en croit son porte-parole, Neil Kinnock, commissaire européen chargé des transports, serait resté bouche bée et furieux devant une «décision qui viole au moins l'esprit du traité de l'Union européenne».
La nouvelle, annoncée depuis Madrid, où Bangemann participait à la conférence de presse de Telefonica, a manifestement pris de court tout le monde, y compris le président de l'exécutif bruxellois, Jacques Santer, qui a eu la «surprise» de l'apprendre dans le vol qui le ramenait du sommet de Rio. Beaucoup se demandent d'ailleurs pourquoi il n'a pas attendu la m