Madrid de notre correspondant
La nouvelle a pris le monde des affaires espagnol par surprise: hier matin, Telefonica, le géant national des télécommunications, a annoncé la création d'une société regroupant l'ensemble de ses participations dans les secteurs des médias et du multimédia, ainsi que la nomination controversée à sa tête, du commissaire européen aux télécommunications, Martin Bangemann (lire ci-contre). La nouvelle structure sera opérationnelle dans les prochains mois.
L'initiative se situe dans le prolongement d'une stratégie agressive qui caractérise le groupe depuis sa privatisation, en 1997. En Europe, Telefonica a multiplié les prises de participation et les rachats, sous l'impulsion de son patron, Juan Villalonga, un entrepreneur de 47 ans: acquisition de Via Digital, un des deux bouquets numériques d'Espagne, achat partiel de la chaîne de télé Antena 3, et, plus récemment, acquisition de Onda Cero et Radio Voz, deux stations déficitaires. Le 24 juin, Telefonica faisait l'acquisition de 5% du groupe multimédia britannique Pearson, leader mondial de l'information économique.
Succès en Bourse. Mais, derrière la stratégie expansionniste du groupe, certains voient les tentacules du gouvernement espagnol. Nul n'ignore les liens d'amitié très solides qui unissent José Maria Aznar, le chef du gouvernement et du Partido popular (PP, droite), et le patron de Telefonica, deux amis d'enfance et de collège. Cette connivence avait été à l'origine, à partir de 1997, d'un