Les salariés ont peur. Ils vivent de plus en plus dans la crainte de
faire des erreurs, d'être licenciés. Leur désarroi s'exprime dans les deux études publiées samedi par le ministère du Travail (Dares) (1). L'une lève le voile sur la «charge mentale» du travail, l'autre sur ses conséquences sur le sommeil.
Dans la première 60% des salariés interrogés déclarent qu'«une erreur dans leur travail pourrait entraîner des sanctions à leur égard, créant des risques pour l'emploi ou une diminution importante de la rémunération». Une telle crainte s'accompagne d'une autre peur: celle qu'une erreur pèse sur les finances de leur entreprise. Les cadres sont d'autant plus inquiets qu'ils ont des impératifs de qualité à respecter, qu'ils reçoivent des ordres contradictoires, et qu'ils sont souvent obligés de se débrouiller seuls dans les situations difficiles. Chaque catégorie a ses angoisses particulières. La qualité est la seule qui soit partagée à la fois par les cadres et les ouvriers.
Toujours plus vite. L'enquête fait rentrer en ligne de compte, pour la première fois, de nouveaux indicateurs mesurant la pénibilité mentale du travail. En 1998, les salariés ont été interrogés sur la nécessité de «toujours se dépêcher». Les employés chargés de tâches de production sont les premiers touchés par la course au productivisme. Travaillant souvent dans des conditions de «flux tendus», ils ressentent de plein fouet les conséquences des nouvelles exigences industrielles. La vitesse va de pair ave