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Libération
Interview

«L'internet crée un nouveau capitalisme». Pour Manuel Castells, gourou de la «nouvelle économie», les Etats européens doivent s'approprier ce modèle plus individualiste.

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publié le 5 juillet 1999 à 23h51

Assiste-t-on, comme beaucoup le pensent, à l'instauration d'une

«nouvelle économie», liée au développement fulgurant de l'Internet dans les entreprises et dans la société?

Oui. Avec l'Internet, le capitalisme est en train de se restructurer. C'est l'aboutissement d'un processus vieux de vingt ans: les nouvelles technologies (l'informatique et les réseaux) prennent la place qui leur revient dans les entreprises. Elles sont à l'origine de transformations profondes dans les relations économiques (commerce électronique, automatisation des ordres de production et d'approvisionnement, recours à la sous-traitance, ndlr). Une deuxième évolution est moins visible: l'Internet fait sauter les frontières sur le marché du travail. Aujourd'hui, des ingénieurs indiens ou chinois travaillent en ligne pour la Silicon Valley. Et en plus, dans le cas des Etats-Unis, le goulot d'étranglement sur le marché du travail est traité par une politique d'immigration ouverte, avec l'importation massive de travailleurs qualifiés.

Résultat de cette double évolution: un accroissement spectaculaire de la productivité. Aux Etats-Unis, elle augmente de 4% par an. C'est deux fois plus que dans les années 1960, qu'on a appelées «glorieuses». Et c'est quatre fois plus que dans les années 1970 et 1980. C'est la première caractéristique, essentielle, de la nouvelle économie.

Dès qu'une entreprise dont le fonctionnement repose sur un site web s'introduit en Bourse, les marchés s'emballent. Ce phénomène n'est-il pas s