Philippe Jaffré, le PDG d'Elf Aquitaine, n'était pas joignable hier
matin tôt. Thierry Desmarest, le patron de TotalFina a donc, «après avoir essayé infructueusement plusieurs numéros de téléphone, laissé un message sur son répondeur». Ledit message annonçait le dépôt d'une offre publique d'échange (OPE) de TotalFina (issue du mariage du français Total et du belge Petrofina) sur sa consoeur, pour un montant de 42,3 milliards d'euros (277,4 milliards de francs). Aucun doute, l'OPE menée par un pétrolier français sur l'autre est «hostile», selon le communiqué rageur de Philippe Jaffré, président d'Elf. Thierry Desmarest concède que l'opération est «non sollicitée, mais amicale». A l'écouter, il aurait même tout fait pour convaincre son homologue d'opérer un mariage de raison. «Je rencontre Philippe Jaffré à intervalles réguliers, a-t-il indiqué hier. J'ai tenté de le sensibiliser, mais je n'ai pas été très success full.»
Accord de l'Etat. En avait-il vraiment besoin? Une grève de trois mois de la division exploration-production, un échec cinglant le mois dernier sur le rachat de la compagnie norvégienne Saga: le patron d'Elf est déstabilisé et les rumeurs d'OPA courent les couloirs de la tour Elf, et de celle de Total, voisine. Une offensive de Shell était réputée imminente. Personne n'a donc été surpris par l'offensive de Thierry Desmarest, sauf par sa date. On l'attendait en septembre, après la digestion de la délicate fusion entre Total et Petrofina. Il se dévoile en juillet,