Faut-il avoir peur de ses traces? Celles que l'on laisse, via son
portable, la clé magnétique de sa chambre d'hôtel ou au fil de ses navigations sur l'Internet? Oui, répond la Cnil qui publiait hier son rapport d'activité pour 1998. «On est passé d'une problématique des fichiers à une problématique de traces», explique Michel Gentot, président de l'instance.
Deux mouvements en fait se dessinent: la montée en puissance des fichiers privés, ces mégabases à forte valeur marchande qui hébergent des millions d'informations nominatives, et la multiplication des outils, puce du portable, de la carte bancaire ou de la carte santé, processeur du badge d'accès aux locaux ou de l'ordinateur, autant de lieux de stockage disséminés qui gardent l'empreinte de tous les déplacements, du clic de souris au moindre mouvement physique. Or, ces données intéressent un champ vaste d'intervenants, de l'entreprise de vente par correspondance à la police, en passant par les partis politiques ou les services fiscaux.
Le rapport déborde d'anecdotes propres à sensibiliser le citoyen autant que l'entreprise, voire l'Etat. L'agence de Bain-de-Bretagne du Crédit mutuel, qui affublait ses clients à leur insu de qualificatifs comme «aussi ouverte qu'une huître» ou «dépensier mais sain d'esprit», l'a appris à ses dépens à la suite d'une descente de la Cnil, motivée par la réclamation d'un client. IBM aussi s'est vu prier de détruire un certain nombre de données personnelles qu'il avait engrangées sur ses visiteu