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Libération
Reportage

«Si je dois partir, Jaffré coulera avec moi».A Pau, le raid hostile de Total réjouit les grévistes d'Elf.

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publié le 8 juillet 1999 à 23h48

Pau envoyée spéciale

A la cantine, un brouhaha assourdissant couvre le bruit des conversations. Dès qu'un membre de la direction d'Elf exploration-production entre au self de l'entreprise de Pau, il est accueilli par un concert de huées et de bruits de couverts frappés sur la table. Quatre-vingt-huit jours de grèves tournantes n'ont pas entamé la détermination des salariés. Malgré l'arrivée de l'été, les cols blancs ne se résignent pas aux 1 300 suppressions d'emploi prévues sur un effectif de 3 400 personnes. Le «killer d'emplois». Et puis l'annonce lundi par Thierry Desmarest, le pdg de TotalFina du lancement d'une OPE sur Elf a agi comme un détonateur. A la cantine, dans les couloirs ou dans le local Alpha, le centre névralgique de l'entreprise, transformé en camp retranché par les grévistes, on ne parle que du départ éventuel de Philippe Jaffré. «Phil Jaffré, killer d'emplois», comme on le décrit sur les affiches placardées dans les couloirs. Ils sont nombreux à se réjouir de la déconvenue de celui qui est dépeint comme un financier froid, arrogant et surtout comme un anti-industriel dont la seule préoccupation est de faire «suer les actifs pour la veuve de San Diego». Philippe Jaffré cristallise le mécontentement du personnel de la branche exploration-production. Certains cadres d'Elf, suivis par la CGT et la CGC, sont prêts à jouer Total contre Elf, si l'OPE devait réussir. «Jaffré est un financier, pas un industriel, martèle Chantal Kadouch de la CGC. Desmarest au mo