Batilly (Meurthe-et-Moselle) envoyée spéciale
Il faut peu de chose pour barrer un rond-point: quelques voitures, des pneus, une poignée de volontaires. C'est ainsi que, pendant huit jours, l'accès à la Société de véhicules automobiles de Batilly (Sovab), une filiale de Renault qui fabrique des véhicules utilitaires, a été interdit aux camions. A l'extérieur, 500 grévistes (CGT, FO, SUD-automobiles) qui se relaient jour et nuit pour empêcher l'entrée des fournisseurs. A l'intérieur, 2 400 non-grévistes, dont les 810 intérimaires et CDD, qui ne peuvent plus rien produire, faute de main-d'oeuvre et de pièces détachées.
A l'origine du conflit, un désaccord intervenu lors des négociations sur les 35 heures. La direction demande qu'en échange du maintien des salaires le personnel travaille huit samedis par an. Levée de boucliers: le samedi est la journée de la famille, des courses et des enfants. Impensable sauf si le travail se fait sur la base du volontariat, payé en heures supplémentaires. C'est sur ce même point que l'accord central négocié chez Peugeot-Citroën avait capoté, au début de l'année. Pour les syndicalistes, toucher au samedi, c'est mettre un doigt dans l'engrenage: «Après, on nous demandera le samedi après-midi, puis le dimanche, prédit Michel Doncque, secrétaire de la CGT, majoritaire à la Sovab. On veut bien de la flexibilité, mais répartie sur tous les jours de la semaine.»
Le 1er juillet, 300 salariés votent donc la grève et bloquent l'accès à l'usine. Pour Ren