Londres, de notre correspondant.
Pour les Anglais, qui ont connu leur première offre publique d'achat hostile en 1959, il était temps que la France, pays des noyaux durs et de l'économie mixte, fasse sa révolution. Qu'il s'agisse de LVMH et Gucci, de la BNP et SG Paribas ou de TotalFina et Elf, la nouvelle frénésie française de fusions et acquisitions inamicales a étonné. «La City a trouvé cela marrant et surprenant, ils ne s'attendaient pas à ce genre de passage à l'acte venant des Français», explique un financier continental installé à Londres. «La France montre une nouvelle maturité, il s'agit d'une étape très positive, confirme John Leonard, analyste chez Salomon Brothers, l'un des grands de la finance londonienne. On n'aurait jamais vu cela il y a cinq ans.» Les westerns financiers ont traversé la Manche. Et le Financial Times accueille avec plaisir cette conversion en soulignant que «le capital sera alloué selon les règles du profit et du risque», et non plus en fonction des intérêts de l'Etat.
Chassez le naturel" Le ravissement de la City a cependant été vite refroidi par les interventions des pouvoirs publics français. Les petites phrases du ministre de l'Economie, les bricolages du gouverneur de la Banque de France dans le Meccano BNP-Société générale-Paribas, les intercessions de la France dans le secteur stratégique du pétrole ont déçu la City. «En Grande-Bretagne, l'idée même d'intérêt national n'est plus défendue, explique un analyste, la seule intervention de l'