Rio de Janeiro, correspondance.
«Une multinationale verte et jaune est née»: c'est avec ce slogan inspiré par les couleurs nationales que les brasseurs brésiliens Antartica et Brahma ont récemment annoncé leur fusion. Ce mariage revient à unir «la passion nationale» (Antartica), avec la «bière numéro un» (Brahma). Ensemble, elles intègrent le nouveau holding Ambev, sigle en anglais de la Compagnie de boissons des Amériques. En 1998, le total de leurs ventes a atteint 8,5 milliards d'euros pour 8 milliards de litres de cervoise glacée écoulés. Troisième brasseur mondial derrière l'Américain Anheuser Busch et Heineken , Ambev devient la plus grande entreprise brésilienne. Les cuves de ses 40 usines de bière désaltèrent le Brésil entier et une part modeste des consommateurs vénézuéliens, uruguayens et argentins. Ces derniers servent à justifier l'ambition «multinationale» du groupe. Pour les patrons des deux sociétés, la fusion est une conséquence inévitable de la mondialisation.
Dans le journal O Globo, Humberto Pandolpho, le patron de Kaiser, le concurrent, parle lui de «grosse blague», car il est convaincu que «derrière ces arguments et le terme mondialisation se cache la formation d'un oligopole». Le troisième brasseur local, avec 16% du marché, veut être entendu à la Commission de la concurrence qui doit encore approuver ce dossier. La discussion s'avère ardue: Ambev produit désormais 72% des bières vendues dans le pays. Pour l'homme de Kaiser, «il n'existe aucun indice