Le cordon brûle entre l'ART (Autorité de régulation des
télécommunications) et ses ministres de tutelle, le ministre de l'Economie et des Finances, et celui de l'Industrie, chargé des Postes et Télécommunications. Autorité administrative indépendante, l'ART est sous le contrôle de l'Etat. Mais, investie de la mission d'ouvrir le secteur à la concurrence, elle trace son sillon comme une grande. Aujourd'hui, deux ans après son intronisation, l'ART s'émancipe, allant jusqu'à critiquer ouvertement les interventions de l'Etat: légèreté des prises de position des ministres, favoritisme à l'égard de l'opérateur historique France Télécom" La publication de son rapport annuel lui fournit l'occasion de mettre les points sur les «i». Illustration au travers de quatre dossiers sensibles.
Lundi 11 juillet, 11 heures, place de la Concorde, à Paris. L'ART a loué les salons de l'Automobile-Club de France pour présenter son rapport annuel, un pavé d'un millier de pages. Après dix-huit mois de libéralisation, l'ART s'enorgueillit d'un bilan flatteur. Trop sans doute aux yeux de sa tutelle, qui trouve l'organisme bavard. Une heure avant le début de la cérémonie, Bercy va donc lui voler la vedette en homologuant une offre commerciale de France Télécom concernant l'ADSL (Libération du 13 juillet). Pourtant, rien ne pressait. Jean-Michel Hubert, le président de l'ART, voit l'épisode comme une provocation destinée à détourner l'attention des médias. Il convoque aussitôt la presse pour expliquer son