Madrid, de notre correspondant.
L'époque a beau être aux grandes concentrations bancaires, elles ne se font pas sans grincements de dents de la part des gouvernements nationaux, déterminés à garder un contrôle sur leurs institutions financières. Le bras de fer entre Bruxelles et Lisbonne, désormais sous la menace d'un procès, traduit bien cette crispation. Tout a commencé le 9 juin lorsque le BSCH (Banco Santander Central Hispano) et Champalimaud, le 3e groupe industriel et financier portugais, ont conclu une alliance. Par cet accord, la superbanque espagnole prend 40% du capital de Grupo Mundial Confiança, le holding Champalimaud, qui prend en échange 1,5% de la BSCH. Estimant que cela donne à l'espagnol le contrôle immédiat de trois banques portugaises, dont le Banco Pinto Y Sottomajor (troisième institution financière du pays), Lisbonne émet un veto formel. Les autorités portugaises, qui arguent de la «défense de l'intérêt national», ne veulent rien entendre. Elles préféreraient de beaucoup que les banques se marient en famille, c'est-à-dire entre banques compatriotes. De ce point de vue, l'OPA lancée hier par le Banco Comercial Portuguès (BCP) dont le patron est un ami du président portugais Sampaio sur Champalimaud comble ses voeux.
Dans l'intervalle, scandalisés par «l'ingérence de l'Etat» dans leur belle union en gestation, le BSCH et Champalimaud ont déposé plainte auprès de Bruxelles, qui a donné jusqu'au 3 août à Lisbonne pour revenir sur son veto. Faute de quoi