Directeur de Pétrostratégies, Pierre Terzian est l'un des rares
experts français du monde pétrolier. Il réagit aux coups de théâtre qui se succèdent depuis deux ans.
Comment analysez-vous ce nouveau phénomène de fusions pétrolières?
Il y a toujours eu des concentrations mais cela tournait en moyenne autour de 10 milliards de dollars par an. En 1997, il y a eu une forte accélération des fusions-acquisitions. Cette année-là, on a tout à coup dépassé légèrement les 40 milliards, cela concernait surtout des entreprises de taille moyenne. Puis le mouvement s'est précipité. Pour les seules années 1998 et 1999, on en est à 240 milliards de dollars cumulés!" Phénoménal!" Surtout quand on sait que quatre opérations de fusion (BP-Amoco, Exxon-Mobil, Elf-Total, BP-Amoco-Arco) représentent à elles seules 200 milliards de dollars!" Autrefois, des dizaines de compagnies étaient impliquées, aujourd'hui tout se passe dans le groupe des dix premières, qui se mangent entre elles. Jusqu'en 1996, ces dix premières représentaient 15% de la production mondiale de pétrole. Aujourd'hui, elles représentent à peine plus (17%) mais les trois de tête les supermajors ont vu leur part passer d'environ 7% à 10%. Et l'écart entre les trois premières (Exxon-Mobil, Shell, BP-Amoco-Arco) et le peloton s'est creusé. La taille moyenne des trois supermajors s'est accrue d'environ 40% alors que celle des composantes du peloton diminuait de 20%.
Comment expliquer cette accélération?
Il y a plusieurs facteurs. Et d'