Tous les ans, Fortune, Forbes et Business Week dressent le palmarès
des patrons américains les mieux rémunérés. Et donnent quelques précisions intéressantes sur l'évolution comparée du salaire moyen des patrons et des employés. En 1980, le salaire du patron était 42 fois supérieur. Aujourd'hui, ce rapport est passé de 1 à 419. Tout Américain ayant accès à l'Internet peut même se payer le luxe d'aller calculer le nombre d'années de salaires (et stocks options) qu'il lui faudra accumuler avant de gagner autant que son patron. Dans ce pays, la transparence des salaires est un fait acquis. Mais elle n'est pas destinée à combler la curiosité du grand public ou des employés. La morale n'y est pas non plus pour grand chose. C'est plutôt la soif d'information des fonds d'investissement et autres fonds de pension qu'on cherche à satisfaire. En recommandant, en France, la publication collective des rémunérations de l'équipe dirigeante, le rapport Viénot ne répond que partiellement à l'attente des investisseurs. Toujours plus puissants et toujours plus avides de transparence. Quand le cours de l'action grimpe conformément à ses desiderata, l'actionnaire se moque de savoir si un patron gagne 90 ou 100 millions de dollars. Il juge la performance à l'aulne de la création de valeur et en ces temps d'euphorie boursière, aucune rémunération ne le choque. Résultat, plus personne ne sait à quel niveau se situe un salaire raisonnable de pdg. Et jusqu'où cela peut encore monter pour «rémunérer