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Libération

A vos caisses, prêts, partez! Avant de passer aux 35 heures, les banques rationalisent le temps de travail et chronomètrent leurs employés.

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publié le 24 juillet 1999 à 0h02

La caissière était pétrifiée. Comme tous les soirs, elle faisait le

compte des chèques déposés à son guichet, mais, cette fois, dans son dos, un homme chronométrait ses faits et gestes. «J'étais tentée d'aller plus vite pour montrer que je travaille bien, et en même temps il fallait que je fasse comme d'habitude.» Comme d'autres salariés de la SNVB, une banque filiale du CIC, cette caissière a servi de cobaye pour une étude sur le temps de travail. Toutes les tâches bancaires ont été mesurées. Résultat, les caissières ont une quarantaine de secondes pour traiter des chèques de moins de 2 000 francs, le guichetier a quelques minutes pour délivrer des billets. Les commerciaux n'ont pas non plus été épargnés. Les chronométreurs les ont suivis de la porte d'entrée de l'agence jusqu'à leur bureau, minutant jusqu'à la poignée de main avec le client. «Pour vendre trois produits, on nous accorde 44 minutes, explique un cadre. C'est un peu court pour discuter et réussir à vendre des choses un peu complexes comme des plans d'épargne en actions.»

Une dérive productiviste que dénonce la fédération des banques de la CFDT. Depuis quelques années, le métier de banquier change. Un mouvement qui s'accélère à l'approche du passage aux 35 heures. «On est en train de faire des banquiers des vendeurs de savonnettes», dénonce Jean-Claude Branchereau, secrétaire adjoint de la fédération des banques de la CFDT. Le chronométrage fait partie de cette course à la rationalisation. Minuter précisémen