Lundi, Jacques Puéchal, le président d'Elf Atochem, devra être
convaincant. Il aura la rude tâche de présenter les détails de la partie «chimie» du contre-projet de Philippe Jaffré face à l'assaut de TotalFina. Un projet, qui repose sur la séparation des activités chimie et pétrole des deux groupes, censé créer «plus de valeur pour l'actionnaire» que l'offre «pétrole et chimie» de TotalFina. Autour d'Atochem se construirait le deuxième chimiste européen et cinquième mondial.
Les analystes financiers ont l'air peu touché par la beauté industrielle et les «synergies» dégagées par le projet de Philippe Jaffré. Même un endettement limité à 4 milliards d'euros ne parvient pas à les rassurer. «Une grande entreprise chimique est certainement viable industriellement, explique un analyste parisien, mais elle n'est pas particulièrement pertinente du point de vue de la valorisation boursière.» Les analystes s'interrogent sur l'intérêt pour les actionnaires de séparer le pétrole de la chimie. Le deuxième handicap du contre-projet d'Elf repose sur la structure des activités d'Elf Atochem. L'entreprise traîne une réputation de mastodonte de la chimie de base, coûteuse, polluante et peu rentable. Rares sont les investisseurs prêts à miser sur un groupe spécialiste de cette chimie.
D'ailleurs, depuis 1994, Elf Atochem essaye de rééquilibrer ses activités en se concentrant sur la chimie fine et sur les «produits de performance», comme certains plastiques utilisés dans l'automobile. En 1998, l