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Libération

Annie mise à la porte sans être licenciée. Une décision de justice la place dans une situation sociale insupportable.

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publié le 29 juillet 1999 à 0h04

Annie Grego n'est ni licenciée, ni chômeuse, ni exclue. Pourtant,

depuis le début du mois, elle est sans salaire, sans indemnités chômage et même sans RMI. Elle en aurait plutôt besoin, à la trentaine, seule à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), sa famille restée en Guadeloupe.

Depuis le 30 juin au soir, l'entrée de son entreprise, le groupe d'assurance GPA (filiale des Generali) lui est interdite, comme le lui a signifié un huissier. Elle ne «fait plus partie du personnel», depuis que la cour d'appel de Paris en a décidé ainsi. D'une certaine manière, la justice a placé Annie dans un no man's land social.

En 1997, Annie pensait pourtant avoir gagné la première manche de ce drôle de match judiciaire. Elle avait obtenu, du tribunal des prud'hommes de Paris, la requalification de son contrat d'initiative emploi en contrat à durée indéterminée. Un cas parmi les centaines mais, exceptionnellement, le tribunal avait ordonné sa réintégration. Peut-être son léger handicap au bras a-t-il poussé les juges à ne pas octroyer, cette fois, les classiques dommages et intérêts pour solde de tout compte. La direction fait appel, mais applique le jugement des prud'hommes et lui envoie une «confirmation d'embauche»: Annie réintègre son poste.

Annie Grego a donc travaillé deux ans de plus au GPA, dans le même service, donnant satisfaction, passant la formation des employés de l'assurance. Elle a bien un mandat de déléguée syndicale CGT mais, selon la direction, «cela n'entre pas en ligne de compte