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Libération
Interview

Un patron juge les limites et les blocages de son pays:«Le Japon a besoin d'un big bang social»

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par Michel Temman et Anne GARRIGUE
publié le 2 août 1999 à 0h20

Le Japon est-il toujours «au fond du gouffre»? L'état de son

économie va-t-il aller en s'aggravant? Ou bien assiste-t-on à une reprise? Depuis une dizaine de jours, un débat sur la crédibilité de la reprise secoue l'archipel. En juin, l'Agence de planification avait annoncé une croissance surprise de 1,9% du PNB au premier trimestre 1999, correspondant à une croissance de 7,9% en valeur réelle. Des chiffres contestés par plusieurs médias qui accusent le gouvernement Obuchi d'enjoliver la réalité ou de «manipuler les statistiques». Les milieux d'affaires japonais n'en ont pas moins retrouvé un peu d'espoir, avec notamment la hausse de 10,3% des investissements publics au premier semestre 1999. Les faillites et dépôts de bilan demeurent en revanche toujours élevés. Vendredi dernier, l'Agence officielle de gestion et de coordination de l'emploi a annoncé que le chômage avait atteint, en juin, un taux record de 4,9%. Certains observateurs rappellent encore que le Japon reste pris dans une spirale déflationniste très vicieuse, dont ne peuvent, pour l'instant, venir à bout les classiques remèdes d'injection de capitaux publics dans l'économie.

Tokyo correspondance Yasuyuki Nambu, 47 ans, patron de Pasona (1), numéro un du travail temporaire au Japon, est l'un des chefs d'entreprise les plus populaires de l'archipel. Il est aussi, paradoxalement, celui qui critique le plus durement son pays. Dans son bureau de marbre et de bois, dont il a lui-même conçu le design ­ comme tout l'espa