Ils sont de plus en plus nombreux à dormir le jour et travailler la
nuit. Le plus souvent sans l'avoir vraiment choisi. D'après une étude de la Dares (la direction des études du ministère de l'Emploi), 3 millions de salariés ont travaillé au moins une nuit en 1998 (1). Soit 14% des salariés en 1998, contre 12% en 1991.
Alors que la proportion du travail de nuit était restée stable entre 1984 et 1991, elle progresse aujourd'hui dans ses formes les plus contraignantes: travail de nuit «fréquent» (de 51 à 100 nuits par an) et «systématique» (plus de 100 nuits). Ces «horaires atypiques» répondent à des impératifs de flexibilité, comme le travail du dimanche, qui gagne lui aussi du terrain, notent les auteurs de l'étude. Traditionnellement, le travail de nuit concerne les personnels de santé, ceux de l'industrie et, dans la fonction publique, les gendarmes et les policiers. Depuis quelques années, ils sont rejoints par les salariés des sociétés de services.
Cette forme de travail concerne essentiellement les salariés les moins qualifiés. Et si la proportion des ouvriers ne cesse de décroître dans la part de l'emploi total (40% dans les années 60, contre 24% aujourd'hui), ce sont eux les plus nombreux à travailler la nuit. Le nombre de chauffeurs routiers roulant de nuit a considérablement augmenté entre 1991 et 1998: ils représentent plus d'un tiers de leur profession.
Autre particularité soulignée par l'étude, les ouvriers sont de plus en plus souvent des ouvrières. Au nom de l'égal