Londres, de notre correspondant.
Une seule ligne de chemin de fer marche bien au Royaume-Uni, l'Island Line. 95% de ses trains sont ponctuels. Mais ce chemin de fer champêtre ne dessert que trois villages dans l'île de Wight. Pour le reste des 23 autres opérateurs privés, retards et annulations sont devenus systématiques et réguliers, selon le rapport rendu public la semaine dernière par l'administration régulant les chemins de fer britanniques, privatisés il y a trois ans. Tous les jours, des dizaines de trains ne partent pas, supprimés au dernier moment, sans prévenir les usagers. En moyenne, pour la plupart des compagnies, 15 à 20% des trains sont en retard. Un chiffre d'autant plus accablant qu'au Royaume-Uni un train est considéré «à l'heure» s'il a moins de dix minutes de retard. Entre 1998 et 1999, 18 771 plaintes d'usagers ont été enregistrées, un record.
Vantard. En 1996, au moment de la vente et du découpage de British Railways (la SNCF britannique), les nouveaux patrons vantards avaient proclamé que les nouveaux usagers pourraient bientôt jeter leurs horaires, inutiles, avec de beaux trains privatisés si ponctuels et si fiables. Comme s'en amusait le Financial Times, les passagers peuvent effectivement les jeter, tant ils ont peu de rapport avec la réalité. Selon Roger Ford, expert des chemins de fer britanniques et rédacteur en chef d'une lettre spécialisée sur la privatisation, «il n'y a plus de système national de chemin de fer en Grande-Bretagne».
Tout Anglais a