C'est en allumant la radio à 6 heures du matin que Jean-Louis a
appris que le prix du lait allait peut-être baisser. Depuis une semaine, le SNPL (Syndicat national des producteurs de lait) s'oppose à la demande des industriels qui réclament une baisse du prix du lait de 5 centimes, en expliquant que certains produits, comme le beurre en gros ou la poudre de lait, sont en crise. Les syndicats de producteurs refusent cette baisse unilatérale et promettent dès lundi des actions si un accord n'est pas trouvé. Le prix du lait varie en fonction de sa qualité. En moyenne, il est acheté 1,86 franc au producteur.
Ligotés. Jean-Louis prend la crise avec fatalisme. A 50 ans, il exploite avec son fils et sa soeur une ferme de 90 hectares dans les Vosges. «La paye de lait tombe tous les mois, c'est notre principale source de revenus en zone de montagne. Ce qu'on produit en céréales sert directement dans l'exploitation», explique-t-il. Les 50 vaches du cheptel produisent près de 270 000 litres de lait par an, qui partent directement à la fromagerie. Ses vaches lui assurent une recette de plus de 35 000 francs par mois. Une baisse du prix du lait de plus de 5 centimes pèserait lourd sur le budget de la ferme. Mais Jean-Louis refuse de «pleurnicher». «On a déjà pensé aux économies que l'on pourra faire, explique-t-il, on investira moins, voilà tout.» Mais reste lucide. «On est entré dans un cercle vicieux, on est ligotés à la fromagerie, c'est eux qui font la loi.»
Une loi dictée par les imp