Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque de France, a
l'habitude des négociations difficiles, des noeuds à démêler, des conflits à pacifier. En janvier 1989, alors qu'il était directeur du Trésor, le pouvoir s'était tourné vers lui pour dénouer les fils du premier raid (raté) sur la Société générale. Sous son ancienne casquette de président du Club de Paris (club des pays créanciers du tiers-monde), il a conduit de très difficiles tractations, notamment sur la dette russe. Enfin, en septembre 1992, en pleine crise du franc, après des heures de discussions, il avait su arracher le soutien public de la Bundesbank.
De ces bras de fer dramatiques, Jean-Claude Trichet garde ses meilleurs souvenirs professionnels. A chaque fois, ses succès de négociateur ont propulsé sa carrière. En 1989, le ministre des Finances Pierre Bérégovoy, reconnaissant, avait décidé d'oublier que Trichet avait été directeur de cabinet de son prédécesseur, Edouard Balladur. Et après la crise monétaire de 1992, Trichet était apparu comme le candidat incontesté pour le poste de gouverneur de la Banque de France.
A priori, la nouvelle mission dont il a été chargé favoriser une solution concertée entre BNP et Société générale avait tout pour lui plaire. Il connaît très bien le terrain la banque et encore mieux les acteurs le petit monde des inspecteurs des finances (1). Pourtant, cette fois, l'orfèvre des missions impossibles semble patiner. Sentant sa faiblesse, la presse financière anglo-saxonne